un album que ma mère n’aurait jamais dû me laisser sortir
Auto-financé. Auto-réalisé. Un produit fièrement québécois.
Émotionnellement instable, jeune et naïf.
Voilà dans quel état j’étais lors de la composition, de l’enregistrement et du lancement de ce projet.
L’album est sorti en 2008. J’avais 17 ans.
Et j’étais plein de tourments, de fantasmes amoureux… et de microphones du Dollarama.
Après avoir vu Live at Pompeii de Pink Floyd et écouté Dark Side of the Moon des centaines de fois, je pensais pouvoir produire mon propre chef-d’œuvre en solo.
J’avais suivi un petit cours privé de studio, je suivais activement un cours d’art de la scène à Joliette…
J’étais, selon moi, bien équipé pour produire un album.
Not!
Mon cerveau de 18 ans tournait en mode “j’ai 8 ans et je peux tout faire”.
Le pire ? J’y croyais. Je trouvais cette idée géniale.
Contexte émotionnel :
Du secondaire 4 au secondaire 5, j’étais obsédé par une fille.
Je croyais qu’elle ne m’aimerait jamais. J’en étais convaincu.
C’était la fille la plus belle du monde, donc l’amour impossible par excellence.
De cette spirale intérieure sont nées 9 chansons — et quelques autres restées inachevées —
toutes enregistrées dans le sous-sol de mes parents, entre deux crises existentielles et des expériences de drogues en secret.
J’étais persuadé que la consommation me rendait plus créatif.
Avec le recul? Peut-être plus éclaté… mais pas nécessairement meilleur.
Il m’aura fallu trois ou quatre ans pour le réaliser.
The CircophiL Test, c’est un album noir chanté par un clown de cirque.
Une sorte de personnage enfantin qui parle d’auto-mutilation avec des métaphores de crème glacée et de papillons. Non, je n’avais pas lu IT de Stephen King à cette époque.
Aujourd’hui, je le décrirais comme :
Syd Barrett sous acide doux, filtré par un pelleteur de nuages dans un monde à la Ren & Stimpy. Un cartoon pour adultes, dissonant, étrange. Des morceaux un peu trop sincère, mal assumé
Une des chansons porte même le nom de la dulcinée…
… qui, à la fin du secondaire, a fini par s’intéresser à moi pour vrai.
On a été ensemble trois belles années.
À 18 ans, c’était la femme de ma vie.
Pourquoi c’est un fiasco :
- Les voix sont fausses
- Les drums sont hors tempo la moitié du temps
- L’enregistrement a été fait avec du matériel douteux (microphone du Dollorama)
- Je jouais tous les instruments… sauf que je ne maîtrisait que la guitare
- Le mixage n’était pas terrible
…Mais pourquoi c’est aussi un bijou :
- Les idées sont brutes, vraies, sans filtre
- Tout est joué par moi
- Tout a été enregistré par moi, dans la solitude du sous-sol parental
- C’est une œuvre de persévérance, d’obsession, d’intuition maladroite
- J’avais produit 100 CD et il ne m’en reste qu’un exemplaire (tous vendu)
- Album auto-produit avec zéro budget
- Certains solos de guitare sont géniaux
- Je fais plusieurs voix de personnages différents
- Pleins de petits détails subtils comme:
- Solos de guitares à l’envers
- Jeux de voix
- Mixage acoustique/électrique
- Intros originaux
- Outros originaux
- Dissonances volontaires
Les morceaux notables :
🎵 Track #3 — “My Home Is Far Away of Where You Walk”
Une sorte d’hymne à l’amour adolescent.
Une offrande sincère. Le cœur sur un plateau d’argent IKEA.
🎵 Track #2 — “In My Head”
La chanson la plus forte de l’album.
J’en ai fait deux versions plus récentes et abouties, que je propose en exclusivité à mes contributeurs Ko-fi / Patreon.
Le style?
Un mélange de :
- chanson triste satirique
- dark pop trippy
- tentatives d’auto-dérision qui parfois virent au malaise
- stoner sloppy
Malgré la gêne de partager cela publiquement, je passe par-dessus la honte.
C’est vivant. Fragile. Plein d’essai-erreur. Comme il faut.
Le résultat sincère d’un ado de 18 ans qui ne peut/veut pas encore passer à l’âge adulte.
C’est comme mon amour pour cette fille…
C’était peut-être mal accordé, mais c’était vrai.
📎 Écouter l’album complet — The CircophiL Test
💬 Et toi?
T’as déjà ressorti un vieux projet que t’avais honte d’aimer?
T’as déjà mal chanté en public?
Partage ton chaos. Ou pas…
Si t’arrives à l’écouter au complet, dis-moi quelle est ta piste favorite!
Moi je suis juste content que ça existe…
… et parfois gêné que des gens écoutent ça aujourd’hui, sans contexte.