
B007 : Heptameron
Un album DIY, sorti d’un demi-sous-sol et d’un esprit en ébullition
En 2009, je sors mon deuxième album solo. J’ai 19 ans, et déjà je sens que je ne suis plus un gamin. J’ai bûché des centaines d’heures dans une courte période, depuis la sortie de mon premier album.
Écouter l’album complet – Pyramide (2009)
Mon jeu de drum est plus tight, la basse plus groove, la guitare plus texturée et mélodieuse.
La voix… bon, la voix est encore un peu croche, mais à ce stade, c’était déjà une amélioration.
Et dans l’esprit punk qui m’animait : tout était dans le ‘feeling’.
Pyramide, c’est un album né dans un demi-sous-sol à Joliette.
Lieu tapissé de vert et parfumé de forte odeurs de clope.
Situé juste en face de l’école que je fréquentais.
Entre une relation toxique qui me grugeait le système
et le souvenir d’une fille trop jolie du secondaire que j’avais perdue de vue.
Une lumière douce dans un tunnel bien long.
C’est un album coloré, imparfait, peut-être trop ambitieux — mais sincère,
drivé par l’énergie brute de ma fin d’adolescence — une tentative sincère d’explorer la musique comme langage universel, en passant par tous les archétypes sonores.
Peut-être même une critique sociale,
Voir, un cri du cœur qui crache : fuck tes étiquettes, je suis tous les styles à la fois.
C’est aussi ça, Pyramide :
un besoin urgent d’être vu, reconnu,
de me démarquer dans un monde flou
en criant : “Regardez, j’existe.”
🎵 Piste par Piste – Une montée en spirale
- Piste 1 – Pop-punk efficace
Refrain accrocheur. Solo de guitare obligatoire. Structure classique.
Le cliché assumé… et maîtrisé. Sleeping won’t kill me, mes amis du secondaire me la chantent parfois. - Piste 2 – Punk plus sale, plus urgent
Là, c’est the Vines, the Libertines.
Autodérision, je me sors de la victimisation et triomphe de mes défauts. - Piste 3 – La faille s’ouvre.
L’influence de Pink Floyd transparaît dans les textures, les ruptures, les envolées instrumentales.
Longue chanson progressive qui en fait voir de toute les couleurs. - Piste 5 – Phil, tu scream?
Une chanson progressive qui contient en son centre, du métal, je crois que c’est l’apogée de l’album avec des screams surprenants.
Je vous épargne tous les détails mais je crois que je voulais prouver au monde entier que je n’avais pas de limite et que je pouvais vraiment tout faire.
Mention spécial pour la piste numéro 7 qui contient un personnage féminin, une voix de serpent et une contrebasse jouée à la guitare classique… c’est une preuve que j’ai utilisé des méthodes créatives pour atteindre mes fins.
Reste que la progressif me fascinait et me fascine toujours et transparaît tout au long de l’album. Je me suis laissé aller dans cet album de 9 pistes et 51 minutes.
Des structures pop vers les envolées progressives.
Des textes naïfs vers des idées plus vastes, plus abstraites.
Le concept
‘Je m’imaginais être un pharaon visitant sa pyramide… j’avais bâti une histoire complète autour de l’album. On suit possiblement la progression et la maturation d’un homme. Le passage à l’âge adulte ou un truc du genre. On sent peut-être aussi la dualité intérieur, le gars qui porte tous les chapeaux et crée un produit cohérent par le simple fait que le concept vit en lui. De plus, en regardant la pochette on voit clairement une petite dissociation de personnalités, je voulais vraiment porter tous les chapeaux, je ne sais pas si c’est l’ego démesuré ou simplement le fait que je travaille mieux en solitaire. Comme je le mentionne souvent, je suis un alchimiste en quête de savoir, dans un travail méticuleux, le repli sur soi est parfois obligé.’
🎛️ En studio (a.k.a. le sous-sol de mes parents)
Encore une fois, zéro budget.
Juste mon ordi, des câbles cheap, un micro moyen, et beaucoup de conviction.
Tout a été écrit, joué, enregistré et mixé par moi-même.
Pas pour la gloire, ni pour impressionner. D’accord, en vrai, un peu pour impressionner…
Néanmoins, je ressentais ce projet vraiment fort dans mes trips et je me poussais encore une fois au delà de mes limites.
Points faibles:
- Aurait vraiment bénéficier de musiciens professionnels
- Mix difficiles dû au nombreux instruments
- On m’a dit, manque d’homogénéité
- Trop dense pour un auditeur casual (fuck it)
Pourquoi c’est une victoire :
- Chaque chanson est une apogée
- Le concept tient : c’est une pyramide musicale, ascension et descente
- J’ai tout fait moi-même, à 19 ans
- Audacieux
- Original
Je croyais alors être au sommet de mon art.
Le peak de mon génie musical.
Mais j’avais rien compris.
Je ne faisais que frôler l’horizon de ce que j’aspirais à devenir.
À 19 ans, je croyais tout connaître,
mais je ne faisais que poser le pied dans l’univers infini du son.
Un prélude maladroit mais une leçon bien apprise.
Une brique de plus dans la fondation de ce que je suis devenu.
Le début d’une quête alchimique bien plus grande m’attendait.
Écouter l’album complet – Pyramide (2009)
Et toi? Tu crois que la sincérité peut compenser l’imperfection technique?
Tu t’es déjà cru arrivé, pour ensuite te rendre compte que tu ne faisais que commencer?
« Sleeping Won’t Kill Me » Sûrement ma chanson préférée de l’album.
Déjà cru arrivé, pour ensuite te rendre compte que tu ne faisais que commencer? Shit cela m’arrive tous les jours et j’ai 67 ans!
19 ans!! je me souviens de cet âge. Le moment parfait pour être un pirate. Pyramide reste un album incroyablement puissant et plus de 15 ans plus tard, encore écouté.
ohhh 🙂 Quel album mythique qui restera à jamais gravé dans l’univers collectif de notre groupe d’humains!
Le plaisir d’avoir pu jouer live c’est chanson avec toi quelques fois! Quand je le récoute de temps en temps, à me donne toujours envie de retourner sur cette scène à accompagner un de mes grands frères dans ses projets!