
B016 : Pidgey
Ma plus grosse dose d’endorphine jamais ingérée
1999, j’ai 11 ans et je regarde YTV. Pourquoi YTV? Tout simplement parce que c’est de la bombe. Les dessins animés: Reboot, Transformers: Beast War, Power Rangers, Digimon, Goosebumps, Hey Arnold, Oggy and the cockroaches… vous voyez le genre?

La chose que je préférais quand des émissions ennuyeuses jouaient, c’était les annonces commerciales. Des enfants qui jouent avec des figurines dans des décors irréels, des laboratoires de potions et des produits Dr.Dreadful, des jeunes garçons qui fabriquent des insectes gluants avec leur kit de Creepy Crawlers pour faire peur aux filles. Bref, des produits attrayants et extrêmement stéréotypés. Je me souviendrai toujours de la fameuse phrase de clôture: batteries not included.
C’était un après-midi ensoleillé, j’avais joué à l’extérieur, je portais encore mon maillot un peu mouillé de la baignade dans la piscine. J’étais assis confortablement sur le canapé du sous-sol, regardant les annonces de YTV dans l’obscurité. C’est arrivé comme un 18 roues! L’annonce de la sortie de Pokémon pour GameBoy!

Je me souviendrai toujours de la scène, un autobus écolier arrive remplis de Pokémons et Pikachu monte à bord. J’étais tellement excité quand j’ai vu les créatures et les couleurs que j’ai couru en haut des escaliers et j’ai expliqué à ma mère qu’il me fallait ce jeu.
C’était bientôt la rentrée scolaire, ma mère m’a expliqué qu’elle pourrait m’acheter le jeu si j’avais des bonnes notes à mon premier bulletin.
Bien évidemment, j’ai eu des bonnes notes dans mon bulletin et ma mère à tenu sa promesse. Elle avait acheté Pokémon Bleu pour moi et Pokémon Rouge pour mon frère aîné.
Immédiatement, je l’ai déballé et j’ai contemplé le feuillet d’instructions durant des heures. Le soir venu, j’ai inséré la cartouche dans mon vieux game boy gris et… l’introduction du jeu avec la musique, les sons 8 bits, l’absence de couleurs et les graphiques pixélisés. Je crois avoir versé une larme tellement je trouvais cela beau! En passant, le ‘gros Game Boy gris’, ça prenait 4 batteries AA, il en fallait une tonne quand on descendait en Floride.
J’ai joué à Pokémon de nombreuses nuits, avec la lumière de chevet allumée. C’était le genre de lampe capacitive. Je la touchais et elle allumait, puis si je la touchais de nouveau elle changeait d’intensité.
Dans ma rue, tous mes voisins jouaient à Pokémon. Je me souviens que nous pouvions brancher nos Game Boy ensemble avec un fil. Nous avons été les premiers à expérimenter les échanges de Pokémon ainsi que le fameux glitch de multiplication des Pokémons… C’était un glitch précis qui nous a fait parfois perdre des Pokémons rares.
Je me souviens que mon cousin des États-Unis était venu rendre visite à nos grand-parents et il avait amené son GameShark, une expansion de la Game Boy qui permet entre-autre, l’ajout de codes et de tricheries. Il nous avait échangé un Mew à moi et mon frère. C’était vraiment excitant.
J’ai été le premier dans notre voisinage à compléter le Pokédex. Pour les ignorants, compléter le Pokédex veut dire attraper les 150 Pokémons. J’avais travaillé comme un malade pour atteindre ce but, environ 100 heures de jeu.
Juste pour vous faire comprendre comment ce souvenir est limpide, le dernier Pokémon qui me restait à attraper était Taurus, un taureau extrêmement rare qui ne se trouve que dans le Safari Zone, une zone unique du jeu.
Ces souvenirs me font revivre des émotions très vives mais je sais très bien que ce niveau de conscience ne pourra jamais être vécu avec la même intensité à nouveau. La naïveté, découvrir une chose pour la première fois… Bref, une nouvelle expérience de vie est toujours un moment unique et sans vouloir m’accrocher à ces souvenirs, je les chérit, les conserve et les partage avec vous.
Merci de m’avoir écouté – comme je disais après une présentation orale au primaire.

Qui aurait cru qu’un Pokémon de la première génération déclencherait autant d’endorphines… et que 26 ans plus tard tu écrirais là-dessus? Trop cool.