Dragon Warrior I-II est sorti en septembre 2000 en Amérique du Nord.
J’avais 11 ans et probablement encore ma coupe champignon. Mais ça, on s’en fout.
J’avais un GameBoy Color, une poignée de dollars reçus pour ma fête, et une pulsion d’aventure.
J’enfourche mon vélo, direction MicroPlay, ce lieu sacré où je fouillais les étagères en quête de merveilles ou de nouveautés à jouer.
Et là, je tombe sur un truc obscur :
Dragon Warrior I & II
Aucun de mes amis n’en avait entendu parler, moi non plus d’ailleurs.
Et bien sûr, mon meilleur ami de l’époque avait lâché la remarque de con:
“Ah ouais, c’est comme Final Fantasy… mais moins bon?”
Je m’en foutais, même si ça m’avait vraiment choqué, il pouvait pas comprendre.
Parce que moi, j’étais déjà envoûté par la pochette.

La Slime bleue, mascotte de la série. Le style unique du dessin qui me rappelait étrangement Dragon Ball. J’étais sous le charme!
À l’époque, l’internet commençait à peine.
Je connaissais rien du succès colossal de la série Dragon Quest au Japon.
Et surtout, j’ignorais que Akira Toriyama, le créateur de Dragon Ball, était derrière les dessins du jeu.
Mais rien de tout ça n’avait d’importance.
J’avais payé 20$ et j’étais trop excité de jouer.
J’ai inséré la cartouche dans ma GameBoy Color.
Et là…
💥 EXPLOSION NEURONALE.
La musique.
Les couleurs.
Les combats tour par tour.
Le château avec son thème solennel.
La world map aux teintes lentes et nostalgiques.
La quête du héro solitaire contre le monde
Même la musique « dull » avait du poids.
C’était magique.
Et sans le savoir, j’étais en train d’être formaté.
Ce jeu m’a façonné.
Il m’a transmis, par petites doses :
- l’amour des trucs weird et des petites créatures
- la fascination des héros solitaires
- un goût pour les épées, la magie
- l’envie d’aventure, d’exploration
- et surtout… une vision du monde.
À 11 ans, mon cerveau se formait encore, et je crois que Dragon Warrior m’a secrètement endoctriné au manichéisme.
1. Les gentils doivent toujours gagner
2. Les méchants méritent de se faire taper dessus à coup d’épées
3. Chaque château a son mystère
4. Tous village contiennent de nombreux innocents qui doivent être sauvés.
5. Plus important que tout, ouvrir tous les coffres! (mais ça c’est seulement ma nature curieuse ou comme d’autres appellent communément le FOMO)
Quelques mois plus tard, j’avais fini Dragon Quest I, avancé dans le II… mais je dois dire que c’était quand un vrai défi. Entre le grinding et ne pas savoir du tout où aller dans le jeu, j’ai comme abandonner ma pratique obscur. J’ai revendu ce jeu…
Cette fois-çi c’était pas au Microplay mais au EB Games. Le souvenir est flou mais je crois y être aller en voiture donc j’étais définitivement plus vieux et je me disais que Dragon Quest avait passé. Jamais je ne m’étais aussi trompé.
C’est comme si une petite partie de moi se disait :
« Check toi ben dans 10 ans tu vas avoir des cravings de Dragon Quest parce que c’est une série génial qui t’as marqué à jamais. »
Et puis mon subconscient m’a protégé. J’ai menti au vendeur!
Je lui ai dit que j’avais perdu la boite… mais en réalité, je voulais garder la pochette.
Le gars a vu clair, bien sûr. Il m’a repris la cartouche pour 10$ et l’a probablement revendu dans les 100$.
Si tu lis ça enfoiré d’opportuniste, sache qu’aujourd’hui j’aimerais bien avoir le jeu dans ma collection. Seulement pour le contempler et me dire… j’ai acheté ça pour 20$ en 2000 et deux decénnies plus tard, ça vaut 300$.
Malgré toute cette amertume, je peux quand même être fier de moi parce que j’ai encore le poster promo, celui qui venait dans la boîte.

D’ailleurs, il est aujourd’hui accroché dans mon studio, comme une relique sacrée.
J’ai de la misère à expliquer pourquoi mais j’ai un sentiment d’association fort avec les héros à cape et épée.
Et c’est aussi un sujet qui m’est assez cher pour en faire des dessins. Ce genre d’univers vient frapper mon imaginaire et me fait voyager, c’est aussi simple que cela.


– RIP Toriyama –
Pourquoi je te raconte ça ?
Parce que cette cartouche poussiéreuse de 2000 est, sans doute, un point d’origine de tout ce que je crée aujourd’hui.
Ma passion pour le world-building, les quêtes, les systèmes compliqués, les personnages, les objets, l’exploration, les héros et finalement, juste être un geek ou un esthète excentrique!
Une bonne partie vient de là.
Et toi, c’était quoi, ta première dose d’héroïne pixelisée?